La Galerie Kevorkian
L’histoire de la galerie et de la collection Kevorkian s’écrit sur trois continents et trois générations. Elle plonge ses racines en Asie Mineure où naissent les frères Kevorkian dans les années 1870. Elle se développe ensuite entre Paris, New York, Bombay et Téhéran où ils essaiment et se lancent dans la collection et le commerce des arts d’Orient.
Carnig Kevorkian s'installe à Paris
L’un d’entre eux, Carnig, après avoir ouvert un premier magasin dans le quartier de Drouot à Paris, s’installe à l’adresse actuelle du 21 quai Malaquais en 1923. De l’autre côté de l’Atlantique, à New York, un autre frère, Hagop, constitue, souvent en association avec le premier, une colossale collection d’archéologie orientale et d’art islamique, comprenant entre autres un fabuleux album éponyme de miniatures et de calligraphies mogholes et des pages du Shah Name Houghton. Les vestiges de cette collection ressurgissent encore régulièrement en vente publique et sont répartis entre les plus prestigieux musées américains : le Metropolitan Museum of Art à New York, la Freer Gallery à Washington ou encore le Cleveland Museum of Art. La Hagop Kevorkian Gallery of Ancient Near Eastern Art du Brooklyn Museum abrite quant à elle douze reliefs assyriens dont il a fait don au musée en 1955. Hagop crée également une fondation dans sa ville d’adoption, the Hagop Kevorkian Center for Near Eastern Studies, dont une chaire a successivement été rattachée à Columbia University puis à New York University.
Si Hagop se caractérise par sa flamboyance, Carnig se distingue par sa réserve, sa modestie désintéressée et un amour authentique de son métier et des œuvres qui transitent par sa galerie. Ces qualités lui attachent une fidélité inconditionnelle des plus grands collectionneurs d’archéologie et d’art islamique de son temps, parmi lesquels se trouvent notamment Jean Pozzi, Calouste Gulbenkian et son gendre Kevork Essayan.
Anne-Marie Kevorkian reprend les rênes de la galerie
Quand sa fille Anne-Marie reprend les rênes de la galerie en 1964, il lui laisse en héritage la confiance de ces amateurs éclairés dont les noms sont devenus indissociables de l’histoire des arts de l’Islam et de l’archéologie. Des pans entiers des collections H.-R. d’Allemagne, Tabbagh, Gulbenkian-Essayan, Pozzi et Sakisian sont ainsi passés entre les mains d’Anne-Marie, à la galerie ou dans les ventes publiques dont elle est expert.
Stuart Cary Welch, Sadruddin Aga Khan, Edwin Binney deviennent des clients réguliers du 21 quai Malaquais, où le Musée d’Art Islamique du Qatar et le Musée Barbier-Mueller viennent aussi enrichir leurs collections.
En tant qu’expert, elle présente entre 1980 et 1982 la plus importante série de ventes au monde, quinze au total, d’une même collection de bronzes du Luristan, d’art Amlash et de céramiques islamiques.
Elle est également co-auteur avec Jean-Pierre Sicre de « Les Jardins du Désir – Sept Siècles de Peinture Persane » paru aux éditions Phébus en 1991.
Corinne Kevorkian rejoint le 21 quai Malaquais
En 2006, Corinne, la petite- fille de Carnig, reprend la direction de la Galerie Kevorkian en association avec Annie.
Son arrivée inaugure la participation de la galerie à de grandes foires internationales comme la Biennale Paris dès 2006, la TEFAF Maastricht depuis 2013 et TEFAF New York Fall à partir de 2016, introduisant pour la première fois dans ces manifestations de renommée mondiale les spécialités dont elles étaient jusqu’alors absentes des Arts de l’Islam et de l’Orient antique.
Au cours des éditions successives de ces événements, de grandes institutions françaises et internationales, émergentes ou établies de longue date, se sont portées acquéreurs de pièces exposées par la Galerie Kevorkian.
Environ un siècle après ces pionniers dont faisaient partie ses aïeux, qui ont contribué à la découverte par l’Occident des objets d’art et miniatures du monde oriental antique et islamique, Corinne cultive avec un enthousiasme transmis intact de génération en génération, la même volonté de défendre et de faire connaître la richesse, la poésie et la puissance imaginative inouïes des univers auxquels ouvrent ces arts.
Annie et Corinne Kevorkian sont membres de la CNE (Compagnie Nationale des Experts) et Corinne est membre de la IADAA (International Association of Dealers in Ancient Art) et du SNA (Syndicat National des Antiquaires) dont elle a été secrétaire générale de 2014 à 2019 après en avoir intégré le conseil d’administration en 2012.
La Galerie Kevorkian a également participé à l’édition 2018 du Parcours des Mondes à Paris et a exposé une exceptionnelle sélection de bronzes du Luristan de la collection David-Weill à la Frieze Masters à Londres en 2019.
Depuis 2001, des œuvres de la collection familiale et de la galerie ont été prêtées aux expositions : « Afghanistan, une Histoire Millénaire » présentée à la Fundacion Caixa de Barcelone, au Musée Guimet à Paris, au National University Museum de Tokyo et au Museum of Fine Arts de Houston et « Bronzes du Luristan - Enigmes de l’Iran Ancien » au Musée Cernuschi à Paris.